February 27, 2013
Honorables sénateurs, le 7 novembre 2012, le sénateur Neufeld a proposé l’adoption du quatrième rapport du Comité sénatorial permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles, intitulé Maintenant ou jamais : Le Canada doit agir d’urgence pour prendre sa place dans le nouvel ordre mondial de l’énergie. Dans son discours, le sénateur nous a fait part des résultats de sa réflexion sur l’objet du rapport et sa vision sous-jacente, et il a invité les autres sénateurs qui siègent au comité à faire de même.
En tant que membre de ce comité depuis ma nomination au Sénat, en 2009, je suis heureuse de parler du rapport Maintenant ou jamais, qui a été publié à la suite d’une étude approfondie qui a duré trois ans. Nous avons entendu d’éminents penseurs du secteur énergétique, des groupes de recherche, des intervenants de l’industrie, des organismes nationaux de réglementation, des représentants des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, des dirigeants autochtones, des groupes environnementaux et des jeunes délégués.
Dès le départ, les membres du comité ont convenu que le rapport final devrait être à la portée du lecteur canadien moyen. Ils ont pris cette décision parce qu’il leur semblait que les Canadiens n’avaient pas une bonne compréhension de l’énergie et qu’ils n’étaient pas suffisamment sensibilisés à cette question. J’aimerais parler aujourd’hui de cette idée d’améliorer nos connaissances dans le domaine de l’énergie, et de tout ce que cela suppose.
Dans le rapport Maintenant ou jamais, il est écrit que « se renseigner sur l’énergie présume que l’on comprend quelles sont ses répercussions sur la société ». Autrement dit, un citoyen ayant de bonnes connaissances en matière d’énergie doit non seulement être en mesure de comprendre des systèmes complexes, comme l’approvisionnement et la demande internationaux, ainsi que le concept plus simple de la consommation ménagère, mais reconnaître que l’énergie est présente dans tous les aspects de notre vie.
Si on parvient à instaurer une bonne compréhension de l’énergie au sein de la population, il sera plus facile pour l’industrie d’obtenir le permis social dont elle a besoin pour fonctionner. Voici ce que dit le rapport :
Il y a permis social d’exploiter lorsqu’un projet ou une activité a l’approbation constante d’une collectivité dans son ensemble ou de parties intéressées pertinentes.
On ne peut pas obtenir un permis social si les personnes et les collectivités touchées ne sont pas au courant des enjeux. Si cette approbation populaire n’est pas méritée et maintenue, les inquiétudes augmenteront et le développement sera paralysé.
En tant que pays qui commercialise des produits énergétiques, le Canada doit mériter le permis social non seulement à l’échelle nationale, mais à l’échelle internationale.
La relation entre la compréhension de l’énergie et l’approbation par la population est au cœur du rapport Maintenant ou jamais. Entre autres, il est recommandé, dans la priorité 1, que « […] les gouvernements au Canada amorcent un dialogue permanent au plus haut niveau politique, établissant ainsi des objectifs énergétiques à long terme et obtenant des Canadiens et du monde le permis social nécessaire pour aller de l’avant ».
Afin de contribuer à ce dialogue, le comité a adopté de nouveaux moyens de communication. Il a régulièrement utilisé Twitter, et les Canadiens ont pu exprimer leur point de vue concernant les enjeux énergétiques sur le site web canadianenergyfuture.ca à mesure que l’étude avançait.
Honorables sénateurs, nous avons entendu que le Canadien moyen ne comprend pas le rôle que l’énergie joue dans la vie quotidienne. Pourtant, comme certains témoins l’ont fait remarquer, ce sont souvent les consommateurs qui absorbent les augmentations de prix ou changent leur comportement lorsque cela est nécessaire. Comment faut-il s’y prendre pour que les Canadiens comprennent leurs responsabilités en tant que consommateurs d’énergie?
Ma province, le Québec, offre plusieurs exemples utiles. Hydro- Québec fournit des outils pour aider les Québécois à analyser leur consommation d’énergie et à en faire le suivi. Leur service « Comparez-vous » permet aux usagers de comparer leur consommation d’énergie à celle de foyers semblables dans leur région. Le service permet aussi de calculer les écarts en dollars et en kilowattheures, en plus de conseiller des façons d’économiser l’énergie et de réduire les coûts.
Hydro-Québec offre également un « Diagnostic résidentiel », qui fournit aux usagers une évaluation personnalisée et détaillée de la consommation d’énergie de leur résidence. Les usagers sont ainsi en mesure de voir les économies qu’ils peuvent réaliser en installant un nouvel électroménager ou en changeant leurs habitudes. Non seulement cet outil aide les gens à mieux connaître leur consommation d’énergie, mais il offre aussi des solutions concrètes et une motivation à changer de comportement.
Hydro-Québec fait activement la promotion de ces deux services, au moyen de publicités accompagnant les relevés mensuels et d’appels téléphoniques aux usagers pour les inviter à se prévaloir des services. Avec de telles initiatives, Hydro-Québec sensibilise la population en matière d’énergie et jette les bases d’une société bien renseignée à cet égard.
Lorsque le comité a entrepris cette étude, nous étions conscients de certains mythes entourant les questions d’énergie et d’environnement au Canada. Ces mythes risquent d’induire la population en erreur et de détourner son attention des enjeux importants. Le rapport Maintenant ou jamais vise à dissiper certains de ces mythes; il ne fait aucun doute que les dirigeants de l’industrie et du gouvernement ont aussi un important rôle à jouer en ce sens. L’industrie, notamment, a l’obligation de fournir des faits à la population. Si les collectivités participent à la planification, elles seront mieux en mesure de contribuer de manière utile aux futurs projets de développement.
Hydro-Québec fait preuve de leadership en donnant les faits à la population. Le site « L’hydroélectricité québécoise, source d’avenir » porte sur les mythes et les réalités entourant l’industrie hydroélectrique. Par exemple, on déboulonne le mythe selon lequel l’électricité est une source importante de gaz à effets de serre : en effet, Hydro-Québec n’est responsable que de 0,4 p. 100 des gaz à effet de serre émis par les compagnies d’électricité canadiennes, bien qu’elle produise 33 p. 100 de la quantité totale de l’électricité générée au pays.
Selon un autre mythe, les centrales hydroélectriques détruiraient l’écosystème. Or, depuis 40 ans, les recherches montrent qu’un plan d’eau tel que le réservoir Baskatong, dans la vallée de la Gatineau, « constitue un écosystème aquatique comparable à celui d’un lac naturel ».
Honorables sénateurs, les Canadiens bien au fait des questions énergétiques peuvent contribuer à faciliter l’approbation des projets d’aménagement dans leur milieu, une approche qui a d’ailleurs fait ses preuves pour ce qui est de favoriser et d’accélérer l’adoption de projets énergétiques. Par exemple, Hydro-Québec a créé Le Circuit électrique, le premier réseau de bornes de recharge pour véhicules électriques au Canada, une initiative qui gagne en popularité auprès des Québécois depuis son lancement, le 30 mars dernier. Depuis, 17 partenaires privés et institutionnels se sont joints au projet, notamment Aéroports de Montréal, l’Université de Sherbrooke et le groupe hôtelier Fairmont.
À la fin de 2012, les villes de Montréal, de Rivière-Rouge et de Joliette avaient toutes annoncé leur intention d’installer des bornes de recharge publiques sur leur territoire. Le Circuit électrique compte aujourd’hui plus de 90 points de service, auxquels 150 autres devraient s’ajouter.
La création de l’infrastructure de recharge publique est une étape clé pour faire des voitures électriques une réalité au Québec, et la population adhère déjà à l’établissement de ce réseau. L’appui est d’ailleurs si important que Le Circuit électrique s’étendra hors du Québec puisqu’un partenariat a été conclu afin d’aménager une infrastructure de recharge dans la région d’Ottawa-Gatineau. C’est un exemple parmi tant d’autres de la manière dont l’aval de la population peut propulser de vastes projets innovateurs.
Au Québec, les progrès technologiques en matière d’électricité atteignent maintenant les réseaux de transport en commun. L’hiver prochain, Bombardier mettra à l’essai à Montréal sa nouvelle technologie de pointe Primove, qui « utilise le principe de transmission d’énergie par induction pour recharger les batteries des [autobus] quand ils s’arrêtent pour déposer ou prendre des passagers ». Grâce à Primove, il ne sera plus nécessaire de brancher les véhicules toute la nuit, et les batteries des autobus seront plus petites et plus légères. Les essais qui seront effectués à Montréal permettront d’établir que le système sera à l’épreuve des rigueurs de l’hiver. D’autres essais du même ordre seront aussi menés à Mannheim, en Allemagne, sur un circuit de transport en commun urbain.
Cette collaboration entre des industries des secteurs technologique et électrique découle certainement de l’appui qu’accorde la population à la conception de technologies de transport en commun écologiques.
Honorables sénateurs, il faut évidemment reconnaître que les questions énergétiques de l’heure sont parfois compliquées, subtiles et controversées. Pourtant, la société doit être bien renseignée en matière d’énergie pour pouvoir bâtir un avenir énergétique prospère et durable.
Le rapport Maintenant ou jamais se conclut sur un appel à la mobilisation :
Si le Canada veut réussir à relever ces défis, il est urgent que nous changions. Changer, c’est diversifier nos marchés. Changer, c’est innover. Changer, c’est consommer l’énergie efficacement. Changer, c’est améliorer notre rendement environnemental. Changer, c’est obtenir un permis social. Changer, cela commence par chacun de nous, en tant que citoyen de l’énergie.