February 11, 2021
Honorables sénateurs, en 1983, le scientifique social David Chambers publiait les résultats d’une étude ayant duré 11 ans. De 1966 à 1977, on a demandé à 4 807 élèves du primaire provenant surtout de Québec, mais aussi d’autres villes du Canada et des États-Unis, d’exécuter une tâche toute simple, c’est-à-dire dessiner un scientifique.
Outre les sarraus blancs, les lunettes de protection et l’équipement de laboratoire, un élément revenait particulièrement souvent : il s’agissait presque exclusivement d’hommes. Sur approximativement 5 000 dessins, 28 seulement représentaient une femme, et les 28 étaient l’œuvre de jeunes filles.
Cinquante ans plus tard, une équipe de chercheurs de l’Université Northwestern a voulu savoir si les stéréotypes entretenus par les enfants au sujet de la présence des femmes dans les sciences avaient évolué et si oui, comment. Après avoir analysé 78 études où on demandait aux enfants de dessiner un scientifique, ces chercheurs ont constaté que, plus les années passaient, plus les enfants avaient tendance à dessiner des femmes, bref que leur évolution s’était faite au même rythme que celle de la société.
Nous soulignons aujourd’hui la Journée internationale des femmes et des filles de science, qui a pour but de faire connaître le rôle essentiel des femmes et des filles dans les sciences, la technologie, le génie et les mathématiques et de les encourager à faire carrière dans ces domaines.
Aujourd’hui, nous célébrons toutes les femmes qui ont ouvert la voie aux générations suivantes, dont la première physicienne nucléaire du Canada, Harriet Brooks; la première femme astronaute du Canada, Roberta Bondar; et la première femme à occuper les fonctions de professeure dans une université canadienne, Carrie Derick.
Cela dit, malgré les avancées des dernières années, l’écart mondial demeure grand entre les hommes et les femmes dans les programmes d’études et les métiers en sciences, en technologie, en génie et en mathématiques. La recherche nous apprend d’ailleurs qu’encore aujourd’hui, les femmes sont moins susceptibles de choisir une carrière dans l’un de ces domaines.
Nous avons raison de souligner les nombreuses réalisations de nos consœurs scientifiques, mais nous devons aussi continuer d’inciter les jeunes femmes et les jeunes filles à s’intéresser aux sciences, car c’est en les encourageant et en prêchant par l’exemple que l’on pourra faire tomber les obstacles qui se dressent sur leur chemin et attiser leur sentiment d’appartenance.
Si jamais ces quelques mots parviennent jusqu’aux oreilles d’une jeune femme ou d’une jeune fille, voici ce que j’aimerais lui dire : soyez audacieuse et osez! Grâce à votre curiosité et à votre sens de l’innovation, vous réussirez à trouver la réponse à certaines des grandes questions de notre époque. Et vous aussi vous pourriez vous retrouver sur le dessin d’un enfant à qui on demandera de dessiner un scientifique.