March 25, 2020
La sénatrice Seidman : Je remercie les ministres et la Dre Tam. Selon un rapport commandé par le gouvernement fédéral, à la suite de la crise du SRAS, il n’y avait pas de base de données nationale pour assurer le suivi des cas, et les mécanismes pour communiquer les données aux provinces étaient déficients. Pendant cette pandémie de COVID-19, les Canadiens s’attendent à ce que l’on déploie des efforts exceptionnels pour que les données soient recueillies et échangées de façon transparente entre les gouvernements. Il est essentiel d’harmoniser les pratiques de gestion de données dans l’ensemble du pays.
Madame la ministre, dans quelle mesure a-t-on centralisé le suivi épidémiologique des cas? Pourriez-vous expliquer comment les gouvernements fédéral et provinciaux échangent et communiquent leurs données? Est-ce que le gouvernement fédéral mène ce processus très important?
Mme Hajdu : Merci beaucoup, sénatrice. Vous avez entièrement raison; les données, en particulier les données détaillées, nous permettent de suivre la progression de la maladie partout au pays et d’établir les mesures requises d’une façon plus précise afin d’atténuer certains des effets de la crise économique qui sévit.
Le défi auquel nous devons faire face, bien honnêtement, est le niveau de transparence dans la présentation des données qui varie d’une province et d’un territoire à l’autre. Dans certains cas, il s’agit d’un problème de capacité, et Santé Canada est intervenu pour offrir du soutien, notamment en matière de ressources humaines, dans les provinces et territoires qui peinent à produire les données requises pour aider l’Agence de la santé publique du Canada à suivre la progression de la maladie et à la modéliser afin de déterminer les meilleures mesures à prendre.
À ce sujet, je vais céder la parole à la Dre Tam, car il s’agit d’une question sur laquelle elle s’est beaucoup penchée au sein du comité consultatif spécial avec les administrateurs en chef de la santé publique des provinces et des territoires.
Dre Tam : Je vous remercie de cette question. Absolument, c’est une des choses les plus importantes que nous faisons avec les provinces et les territoires. Chacun des médecins hygiénistes en chef est chargé de recueillir des données. Ils partagent toutes les données possibles, aussi rapidement que possible. Nous savons tous que ceux qui sont sur la ligne de front du système de santé publique travaillent d’arrache-pied; ce n’est pas faute d’avoir essayé. Vous verrez que les données seront transmises de plus en plus vite.
Les médecins hygiénistes en chef de tout le Canada fournissent chaque jour des renseignements au public, sur chaque cas dont ils ont pris connaissance. Par contre, nous essayons de recueillir des informations plus détaillées sur ces cas afin de déterminer si les mesures prises ont eu une incidence sur l’épidémie. Ce travail se poursuit actuellement et il s’accomplit de plus en plus rapidement.
Le Canada est un pays vaste. Nous devons examiner l’épidémiologie de façon distincte à différents endroits. Les données nationales globales n’offrent pas suffisamment de détails sur ce qui arrive en Colombie-Britannique, en Alberta ou en Ontario. Donc, il faut vraiment avoir des données infranationales. Les provinces commencent à afficher les données sur leurs sites Web; nous n’avons qu’à les compiler. L’épidémie présente différentes caractéristiques dans les différentes parties du Canada, que nous sommes maintenant en mesure de décrire.
La sénatrice Seidman : Comment le pays peut-il déterminer le nombre réel de cas étant donné que beaucoup de Canadiens ayant des symptômes légers restent chez eux et qu’ils ne font jamais de test de dépistage? D’un point de vue épidémiologique, il est important de connaître le nombre réel de cas pour comprendre l’incidence et la propagation de la maladie.
Est-ce que Santé Canada ou l’Agence de la santé publique du Canada a étudié la manière dont d’autres pays ont mis en place des mécanismes d’échange de données avec leurs citoyens? Je crois qu’il y a environ 10 pays, dont la Corée du Sud, Singapour, la Belgique, l’Italie et l’Allemagne, qui utilisent les données des téléphones cellulaires pour suivre les cas et les contacts. Certains sont plus intrusifs et s’intéressent aux données personnelles, mais d’autres s’intéressent aux données globales des collectivités concernant la localisation et les mouvements. Le Canada a-t-il envisagé cette approche?
Mme Hajdu : Je vais commencer, puis je céderai encore la parole à la Dre Tam pour une réponse plus détaillée à votre question.
Si l’on se compare avec les autres pays, oui, des efforts sont déployés à cet effet. Nous examinons les efforts des pays comparables, non seulement pour gérer l’épidémie, mais aussi pour trouver une façon, comme je le dis souvent, de sortir de cette crise. C’est un défi. Nous avons l’impression d’être aux prises avec ce problème depuis un an au Canada, mais cela fait seulement trois mois que l’espèce humaine est confrontée à ce virus.
D’un pays à l’autre, diverses méthodes sont utilisées pour essayer de comprendre les variables épidémiologiques et trouver le moyen de se sortir de cette situation, à défaut de développer un vaccin ou un traitement.
La Dre Tam et ses collègues font un travail remarquable pour augmenter notre capacité de dépistage. En fait, selon les données qu’elle m’a transmises, près de 20 000 tests ont été faits hier. Nous approchons donc des taux de dépistage de la Corée du Sud.