1 octobre 2020
La sénatrice Seidman : Nous vous remercions d’être ici, madame Freeland et madame Qualtrough. Je vous en sais gré.
Ma première question s’adresse à la ministre Freeland. Comme vous le savez, la COVID-19 a exposé de graves lacunes dans le soutien aux personnes âgées dans les établissements de soins de longue durée. Nous savons que c’est un problème répandu dans l’ensemble du Canada.
Au mois de mai, le premier ministre a dit que le gouvernement fédéral collaborerait avec les provinces pour veiller à ce que les établissements de soins de longue durée reçoivent un soutien adéquat, soit par l’entremise de nouvelles normes nationales ou de financement supplémentaire. Le premier ministre a aussi affirmé que c’était nécessaire d’avoir des discussions au sujet du traitement des personnes âgées au Canada et que ces discussions auraient lieu en temps voulu.
Madame la ministre, c’est une situation urgente, je suis persuadée que vous le savez. Plus de 80 % des décès liés à la COVID-19 au Canada sont survenus dans des établissements de soins de longue durée, un taux deux fois plus élevé que la moyenne de l’OCDE.
Madame la ministre, pouvez-vous nous dire quand le premier ministre jugera que le moment est venu d’avoir ces conversations? De plus, quels mécanismes le gouvernement fédéral a-t-il mis en place pour faire le suivi des éclosions et des décès liés au virus dans les établissements de soins de longue durée.
Mme Freeland : Merci de cette question très importante.
Je suis d’accord avec vous, et j’oserais dire qu’il est généralement admis que l’une des choses que le coronavirus a exposées, c’est la négligence envers les aînés. Je n’ai pas honte d’avouer que j’ai pleuré lorsque j’ai lu le rapport des Forces armées canadiennes. C’était terrible. J’ai téléphoné à mon père et je lui ai dit que je prendrais soin de lui.
Cette situation ne peut donc plus durer. C’est compliqué, car je crois que tous les gens ici présents savent que c’est un domaine qui relève du gouvernement provincial, mais je sais que les provinces, les premiers ministres, partagent aussi cette angoisse. Ils sont bien prêts à travailler avec nous, comme nous avec eux, pour que cette situation ne se reproduise pas.
Dans le discours du Trône, nous avons pris l’engagement d’établir des normes nationales pour les centres de soins de longue durée, et nous croyons que c’est nécessaire. Dans le cadre de l’accord sur la relance sécuritaire conclu avec les provinces, le gouvernement fédéral a convenu de donner 19 milliards de dollars aux provinces pour assurer leur relance après le printemps. Cela comprend un investissement de 13 milliards de dollars pour les soins de santé, les efforts liés à la lutte contre le coronavirus, l’équipement de protection individuelle, le dépistage, le suivi et le financement du système de santé. Cela fait donc également partie du soutien offert.
Comme vous le savez très bien, les Forces armées canadiennes ont offert du soutien pendant la crise. Je pense que nous devons tous leur en être reconnaissants. Je pense que l’aide que nous avons offerte dans le cadre du discours du Trône pour les travailleurs de soutien est également un élément très important. Il est essentiel de rémunérer ceux qui prennent bien soin des aînés, de bien les former et dveiller à ce qu’ils n’aient pas à occuper trois emplois différents pour subvenir à leurs besoins, car cela augmente les risques.
Je conviens que vous avez cerné un problème important. Je ne vais pas promettre de trouver une solution dès demain, car ce ne serait ni vrai ni crédible. Cependant, je crois qu’il y a énormément de bonne volonté collective au Canada pour travailler là-dessus, et c’est ce que nous faisons également.
La sénatrice Seidman : Combien de temps me reste-t-il?
La présidente : Il vous reste une minute et quart.
La sénatrice Seidman : Bon. Merci.
Si vous me le permettez, je vais poser la deuxième partie de ma question et madame la ministre pourra y répondre si elle le peut. Quels sont les mécanismes en place à l’échelle fédérale pour faire le suivi des cas et des décès dans les établissements de soins de longue durée?
Mme Freeland : Je dirais que nos échanges de données avec les provinces sont de plus en plus efficaces. Il s’agit d’un travail que les provinces effectuent directement. Cependant, le partage de renseignements se fait certainement de façon beaucoup plus efficace qu’au début de la crise. Je reçois certainement des rapports à ce sujet, tout comme d’autres gens du gouvernement.
Un autre facteur important est le travail effectué par la Croix-Rouge dans les établissements de soins de longue durée, qui nous donne une idée plus précise de ce qui se passe.
Je ne dirai pas que le suivi est parfait, mais il est bien meilleur qu’au début. Je pense que le partage de renseignements entre nous tous s’améliore parce que nous avons appris qu’il facilite la réponse.