6 juin 2012
Honorables sénateurs, je suis heureuse de prendre la parole au sujet de la motion visant à instaurer une journée nationale de la santé et de la forme physique. Le sénateur Raine, qui a présenté la motion au Sénat, a fait preuve d’un leadership exceptionnel dans ce dossier. En collaboration avec le député de West Vancouver—Sunshine Coast—Sea to Sky Country, M. John Weston, le sénateur Raine a porté à notre attention un problème qui est à la fois répandu et urgent. Il ne faut donc pas s’étonner que la motion soit accueillie si favorablement par tous.
La motion propose que le gouvernement fédéral invite les administrations locales à collaborer pour choisir une journée annuelle au cours de laquelle les installations sportives de partout au Canada seront mises à la disposition des citoyens à prix réduit ou gratuitement. Cette initiative vise à encourager de nouveaux usagers, dont les familles à faible revenu, à découvrir les installations récréatives de leur milieu. Elle sera également l’occasion d’instaurer un dialogue national continu sur les bienfaits d’un mode de vie actif. À cet égard, la motion a donc le potentiel de transcender sa raison d’être initiale.
Honorables sénateurs, le taux d’obésité au Canada ne cesse d’augmenter. Un adulte sur quatre est maintenant obèse, et plus de la moitié de la population canadienne souffre d’embonpoint. On prévoit que l’obésité détrônera le tabac comme principale cause de morbidité et de mortalité évitables. Les spécialistes estiment que, au Canada, le fardeau des maladies qui en découlent s’élève à près de 4 milliards de dollars par année.
La solution n’est cependant pas simple. La santé de chacun dépend d’un ensemble de facteurs génétiques, sociaux, culturels et économiques. En fait, selon des études récentes, devant des comportements malsains, tels le tabagisme et l’hyperphagie, il importe d’examiner les facteurs à la fois génétiques et environnementaux. Le sénateur Raine a reconnu la complexité de ce problème et préconise une solution à volets multiples.
Nous savons que les bienfaits de l’exercice sont importants. La pratique régulière de l’exercice est associée à une diminution des risques de maladies cardio-vasculaires, de certains types de cancer, de l’ostéoporose, du diabète, de l’obésité, de l’hypertension artérielle, de la dépression, du stress et de l’anxiété.
Toutefois, nous savons aussi qu’une alimentation adéquate est essentielle à un mode de vie sain et peut aider à prévenir des maladies chroniques. Par exemple, diminuer sa consommation de sucres et de céréales raffinés peut contribuer au maintien d’un poids santé et réduire le risque de développer le diabète de type 2. En outre, chez certaines personnes, une diminution de la consommation de sodium peut aider à contrôler l’hypertension et à diminuer les risques de maladies coronariennes.
Bref, s’alimenter correctement est essentiel pour être en bonne santé. Par conséquent, il est primordial que, parallèlement aux initiatives de mise en forme comme celle-ci, on insiste sur l’alimentation et la nutrition.
L’alimentation est probablement l’un des moyens les plus simples et les plus efficaces d’améliorer sa santé globale. Pourtant, comme nous le savons, rompre avec de mauvaises habitudes alimentaires est fort difficile. C’est pourquoi il est important d’encourager des comportements sains dès le jeune âge. Honorables sénateurs, l’obésité juvénile a augmenté en flèche. Dans l’Enquête canadienne sur les mesures de santé de 2007 à 2009, plus de 25 p. 100 des enfants et des adolescents souffraient d’embonpoint ou étaient obèses. Les répercussions de cette tendance sont inquiétantes pour la vie des enfants canadiens et pour l’avenir d’un système de soins de santé déjà engorgé.
Comment enseigner la base de la nutrition et de l’alimentation aux enfants du Canada et les encourager à faire des choix santé? Les programmes de nutrition des écoles sont indubitablement l’un des moyens les plus efficaces pour lutter contre l’obésité juvénile. On établit un lien entre les programmes de petits-déjeuners santé et l’amélioration de l’assiduité, de la ponctualité, du comportement et de la concentration en classe, sans compter qu’ils permettent de comprendre comment des habitudes alimentaires saines contribuent au maintien du niveau d’énergie et au bien-être en général.
Il y a de nombreux beaux exemples de programmes de nutrition dans les écoles au Canada. Le Club des petits déjeuners du Québec a vu le jour en 1994, à l’école primaire Lionel-Groulx de Longueuil, grâce à son fondateur, Daniel Germain. Depuis, cette initiative a été reconnue par le Programme alimentaire mondial des Nations Unies et sert de modèle aux Clubs des petits déjeuners du Canada afin d’élaborer des programmes de repas gratuits dans les écoles partout au pays. L’année dernière, les Clubs des petits déjeuners du Canada ont servi plus de 16 millions de petits déjeuners à plus de 106 000 enfants dans le cadre de programmes de petits déjeuners offerts partout au Canada.
Le Québec s’est attaqué à l’obésité chez les enfants par voie législative lorsqu’il a adopté la Loi sur la protection du consommateur du Québec en 1980. On a donc alors interdit, aux termes de cette loi, toute publicité faisant la promotion de jouets et de repas-minute visant les enfants de moins de 13 ans dans la presse et les médias électroniques. C’était une mesure législative inouïe à l’époque, et d’autres pays, dont la Norvège, la Grèce, la Suède et le Royaume-Uni, s’en sont inspirés.
D’après une récente étude publiée par l’Université de la Colombie-Britannique, de 1984 à 1992, cette interdiction a réduit la consommation de repas-minute de 88 millions de dollars américains par année au Québec, amenant les enfants à consommer de 2 à 4 milliards de calories de moins. De tels résultats portent à croire que d’autres initiatives, comme la réglementation du taux de sodium et de sucre ou la taxation des boissons gazeuses, pourraient s’avérer très fructueuses.
Outre les lois provinciales révolutionnaires qui ont été présentées au Québec, des progrès ont aussi été réalisés à l’échelle locale. Dans diverses municipalités, les conseils scolaires ont pris l’initiative d’établir des politiques officielles en matière de nutrition qui sont dans l’intérêt autant des étudiants que des collectivités.
La Commission scolaire Eastern Townships a adopté la « Politique sur la santé des élèves », qui dit qu’une saine alimentation soutient l’apprentissage et favorise le développement physique, affectif, social et intellectuel des élèves. La politique établit également certains objectifs précis, comme l’élimination de la vente de malbouffe et d’aliments à calories vides dans les écoles, la vente d’une variété d’aliments nutritifs au meilleur prix possible et l’amélioration des connaissances nutritionnelles des élèves grâce à divers programmes et projets d’éducation.
La Commission scolaire English-Montréal est un autre exemple frappant. Elle a adopté une politique détaillée régissant toute la distribution d’aliments, qu’ils soient payants ou gratuits, à l’école. La politique comprend également un tableau des exigences alimentaires quantitatives et qualitatives, ainsi qu’une liste d’aliments ne pouvant être offerts ou vendus aux jeunes, comme des beignes, des patates frites et des boissons gazéifiées. D’ailleurs, l’utilisation de bassines à friture est interdite dans les écoles relevant de la compétence de ce conseil.
La Commission scolaire English-Montréal comprend actuellement 38 écoles primaires et 18 écoles secondaires. Ces commissions scolaires ont pris l’initiative de sensibiliser les élèves aux bienfaits d’une alimentation saine et de l’activité physique régulière, et elles ont assuré la longévité et le succès de leur initiative en montrant l’exemple dans les cafétérias des écoles et en faisant de la nutrition un élément essentiel de la politique des écoles et un souci constant de la direction.
Honorables sénateurs, en tant que parlementaires, nous avons l’occasion de faire preuve d’un leadership similaire. En instaurant au Canada une journée nationale de la santé et de la forme physique, nous encouragerons les Canadiens à investir dans leur santé tout en découvrant les bienfaits de l’activité physique et d’une alimentation saine. Cette motion n’est peut-être qu’une mesure parmi tant d’autres pour combattre l’obésité. Cependant, il s’agit d’un plan concret qui encourage les administrations locales et la nation à atteindre un objectif commun : une population en meilleure santé et un pays plus fort.
Merci.