8 février 2012
Honorables sénateurs, en mai 2006, le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie a produit un rapport qui allait changer le visage de la santé mentale au Canada. Sous la direction de l’honorable Michael Kirby et de l’honorable Wilbert Keon, le comité a débuté ses travaux après en avoir reçu un ordre de renvoi en octobre 2004. Un extrait des Journaux du Sénat du jeudi 7 octobre 2004 indique « que le comité soit autorisé à examiner, pour en faire rapport, les questions qu’a suscitées » le dépôt d’un rapport de 2002 sur l’état du système de soins de santé au Canada. Il y est également indiqué ce qui suit :
En particulier, le comité doit être autorisé à examiner la santé mentale et la maladie mentale.
Le rapport, qui compte 484 pages et aussi 57 pages d’annexes, couvre beaucoup de terrain. Chaque chapitre fait la lumière sur les conséquences de la maladie mentale au Canada. Une place particulière est accordée aux histoires déchirantes des personnes concernées et des familles. Le comité a étudié l’organisation et la prestation des services dans la perspective d’un continuum de soins intégrés qui met l’accent sur les soins primaires. Un chapitre complet est consacré au système de justice pénale pour les enfants et les adolescents, qui est morcelé, n’est pas doté de fonds suffisants et où le manque criant de professionnels de la santé mentale fait en sorte que les interventions sont très tardives ou absentes.
Par ailleurs, la recherche et le transfert de connaissances ont été identifiés comme nécessaires à l’élaboration de programmes de traitements spécialisés et de services de soutien pour les personnes âgées, qui sont trop souvent parquées parce qu’elles ont la double malchance d’être à la fois vieilles et malades mentalement. Les conséquences humaines et économiques de la maladie mentale en milieu de travail sont étudiées, de même que les possibilités très importantes d’auto-assistance et d’entraide. Le rapport aborde de nombreux autres sujets, notamment la recherche, l’éthique, la vie privée, la promotion de la santé mentale et les stratégies de prévention des maladies mentales.
Le plus grand exploit de ce rapport sénatorial a peut-être été la réponse opportune qu’il a fournie à l’interrogation du comité qui s’inquiétait du fait que le secteur de la santé mentale était terriblement négligé depuis des décennies. Le rapport recommandait la création d’un mécanisme afin d’entreprendre certaines tâches cruciales au niveau national en vue de continuer d’apporter l’attention nécessaire aux questions de santé mentale. Ce mécanisme a pris la forme de la Commission de la santé mentale du Canada.
Aux termes des principes directeurs sous-tendant sa création, la commission devait être une organisation autonome, sans but lucratif et sans lien de dépendance avec les gouvernements et les groupes concernés existants dans le domaine de la santé mentale, et devait s’occuper essentiellement des personnes vivant avec une maladie mentale et leur famille. Elle devait également poursuivre et améliorer les initiatives déjà en cours à l’échelle du Canada, établir des partenariats avec les organismes et les intervenants en santé mentale sur la scène nationale et internationale, mettre l’accent sur les politiques et les méthodes de prestation de services en santé mentale fondées sur des données probantes et évaluer ses propres activités et en faire rapport.
La commission a pour mandat de faciliter et d’appuyer l’élaboration d’une approche nationale à l’égard des problèmes de santé mentale. Elle doit servir de catalyseur à la réforme et de centre d’intérêt national fournissant de l’information objective reposant sur des données probantes. Elle a pour mission de mieux informer la population sur la santé mentale et de réduire la stigmatisation et la discrimination dont font l’objet les Canadiens aux prises avec des problèmes de santé mentale et leur famille.
Pourquoi ai-je fourni tant de détails sur les principes et la mission de la Commission de la santé mentale du Canada? Je veux montrer le rôle de premier plan qui lui a été attribué pour faire changer la situation globale dans le domaine de la santé mentale au Canada et pour adapter le système à la réalité du XXIe siècle. Nous attendons impatiemment que la commission publie, au printemps, les résultats de ses travaux et fasse des recommandations pour l’avenir à l’égard d’un programme d’une importance vraiment cruciale pour l’ensemble des Canadiens.
Une des premières initiatives du premier ministre Harper, après avoir remporté les élections en 2006, a été de mettre sur pied la Commission de la santé mentale du Canada. Ce faisant, le gouvernement a montré quelles étaient ses priorités. Il est crucial d’améliorer la qualité de vie des Canadiens souffrant de problèmes de santé mentale et celle des familles qui les appuient. Le gouvernement a fait preuve de leadership dans sa volonté de changer un modèle archaïque qui a donné lieu à la confusion, à une mauvaise orientation et à la discrimination, pour le remplacer par un modèle qui assurera la clarté, une orientation fondée sur des faits et l’affirmation d’une nouvelle réalité de compassion.
Lorsqu’il a créé la Commission de la santé mentale du Canada en 2007, le gouvernement Harper lui a accordé un financement initial de 110 millions de dollars sur 10 ans. Dans le budget de 2008, le gouvernement a investi 110 millions de dollars de plus sur cinq ans, pour soutenir la recherche sur les problèmes de santé mentale et d’itinérance au Canada.
Les Instituts de recherche en santé du Canada ont reçu plus de 234 millions de dollars depuis 2006 pour financer leurs travaux de recherche sur les maladies mentales et les dépendances au Canada. De plus, de nombreux projets majeurs sont financés un peu partout au pays grâce à la Stratégie nationale antidrogue, à la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones, au Programme d’aide préscolaire aux Autochtones, au Programme d’action communautaire pour les enfants, au Programme canadien de nutrition prénatale, à l’Initiative de lutte contre la violence familiale, à l’Initiative Grandir ensemble, à la stratégie Pour des collectivités en bonne santé ainsi qu’à l’Initiative de lutte contre les mauvais traitements envers les aînés. Même si ces programmes ne sont pas tous exclusivement axés sur les maladies mentales ou les dépendances, ils ont tous un effet bénéfique sur la santé mentale des Canadiens.
Par exemple, l’Initiative de lutte contre les mauvais traitements envers les aînés vise à protéger les aînés vulnérables. En tant que partenaire dans le cadre de ce programme, le ministère de la Justice finance des travaux de recherche sur la sensibilisation de la population, le signalement des cas de mauvais traitement des personnes âgées et la dimension juridique du problème. En outre, le ministère de la Justice met en garde les personnes âgées des risques de fraude en produisant de la documentation qui leur est destinée. Il finance des organismes qui diffusent de l’information sur la dimension juridique des mauvais traitements subis par les personnes âgées.
La Stratégie nationale antidrogue est un programme de lutte contre la toxicomanie au Canada comportant des volets de prévention, de traitement et d’application de la loi. Environ 30 millions de dollars ont été consacrés au Plan d’action en matière de prévention, qui fournit de l’information sur la consommation de drogue directement aux parents, aux enseignants et aux professionnels de la santé. Des stratégies locales de sensibilisation et de prévention dans les écoles ont été élaborées, et les programmes existants de lutte contre la toxicomanie ont été réorientés et renforcés. Le Plan d’action en matière de prévention a engendré, à l’échelle nationale, la mise en œuvre d’une campagne de sensibilisation du public intitulée « 0droguepourmoi », qui vise les adolescents et établit un dialogue sur la consommation de drogue.
Par ailleurs, le Plan d’action en matière de traitement est doté d’une somme de 100 millions de dollars consacrée aux programmes de traitement de la toxicomanie destinés aux Premières Nations et aux Inuits ainsi qu’aux jeunes contrevenants et à la recherche de nouveaux modèles de traitement. Par conséquent, la GRC a pu aiguiller des jeunes ayant des problèmes liés à la drogue vers des programmes de traitement dans le cadre desquels ils reçoivent l’aide nécessaire pour se défaire de leur dépendance.
Le troisième plan d’action de la Stratégie nationale antidrogue, intitulé « Plan d’action en matière d’application de la loi », fournit de l’argent aux services de police pour les aider à démanteler les installations de culture de marijuana, les laboratoires de fabrication de drogue et les réseaux de distribution dans l’ensemble du pays. Des sommes ciblées ont été accordées à la GRC pour aider les équipes de lutte antidrogue à faire enquête sur les organisations qui produisent et distribuent des drogues dangereuses.
On a aussi augmenté la capacité des organismes chargés de l’application de la loi à collaborer avec leurs homologues des États- Unis pour interrompre le trafic de drogues et les transferts d’argent qui en sont issus.
Grâce au financement supplémentaire qui lui a été accordé, le Service des poursuites pénales du Canada fournira des conseils juridiques aux organismes d’application de la loi afin que les personnes ayant produit et distribué de la drogue soient poursuivies en justice avec toute la rigueur de la loi. Au total, on a investi 102 millions de dollars afin de soutenir des mesures qui contribueront à punir les criminels qui profitent du malheur des toxicomanes.
En juin 2011, Ressources humaines et Développement des compétences Canada a annoncé la création d’une nouvelle norme facultative en matière de santé et de sécurité psychologiques en milieu de travail. Les employeurs de partout au pays recevront de nouvelles lignes directrices qui font une illustration des pratiques exemplaires. On espère que ces mesures entraîneront une amélioration notable de la santé mentale en milieu de travail. Le Canada est le premier pays qui a élaboré une telle série de normes. Il souhaite ainsi démontrer que la santé psychologique fait partie intégrante de la santé et de la sécurité au travail. Ce projet, qui bénéficie d’un financement de 320 000 $, contribuera à éliminer certains des obstacles auxquels se butent les personnes atteintes de troubles mentaux dans les milieux de travail.
Quant au Projet des pairs, lancé par la Commission de la santé mentale du Canada, il aide les membres du grand public à mieux comprendre et à mieux soutenir les gens de leur entourage — amis, collègues ou membres de la famille — qui souffrent de problèmes de santé mentale. Ce programme s’appuie sur la conviction que les gens atteints d’un problème de santé mentale peuvent être d’excellents formateurs et porte-parole. Ils sont les mieux placés pour parler de leur expérience et conseiller ceux qui vivent des situations semblables à la leur.
Un autre projet important supervisé par la Commission de la santé mentale du Canada vise à fournir une formation sur les premiers soins en santé mentale. Mettre l’accent sur l’intervention précoce montre aux gestionnaires des ressources humaines comment repérer les signes et les symptômes de possibles problèmes de santé mentale en milieu de travail et facilite les renvois à des professionnels de la santé lorsque cela est approprié.
Honorables sénateurs, par le passé, le Sénat a joué le rôle de défenseur de la santé mentale au Canada. Cela fait partie d’une grande tradition, et tous les sénateurs devraient en être fiers.
Nous devons maintenant respecter les principes de ce rapport. En l’honneur de cette tradition, nous devrions célébrer ensemble le cinquième anniversaire du rapport De l’ombre à la lumièreet nous rappeler que nous avons encore du travail à faire et d’autres promesses à tenir.